Le conseil régional d’Ile-de-France distribue à 175 000 élèves une clef usb de 1 giga contenant 500 Mo de logiciels Open Source dont la suite OpenOffice, Firefox et Thunderbird. Dans les entreprises, même si le logiciel d’exploitation reste propriétaire, les logiciels Open Source sont de plus en plus employés, la formidable percée du navigateur Firefox n’en est qu’un exemple. Pourtant, le logiciel Open Source suscite encore beaucoup d’interrogations chez les dirigeants d’entreprises : manque de fiabilité, manque de support, logiciel moins performant, absence de formation… Et pour les éditeurs de logiciel, la question est de savoir comment continuer à assurer des revenus et à protéger ses ressources si les habitudes et le standard devient dans cet industrie celui de l’Open Source ?
Même si a priori la logique tend à suggérer le contraire, il est à la fois possible de diffuser en partie ou totalement son logiciel en Open Source et générer des revenus pour l’entreprise. Les chercheurs s’intéressent depuis de nombreuses années à ce paradoxe, voire les travaux de Laure Muselli qui a effectué une thèse sur l’Open Source comme outil stratégique ou les travaux de Xavier Lecocq et Benoid Demil sur le rôle des externalités de réseaux dans la diffusion de l’Open Source.
Aujourd’hui, les sociétés de consulting s’intéressent aussi à l’Open Source, ce qui montre que ce modèle acquière de la pertinence autant pour les consultants et managers.
La société Fabernovel a publié récemment un rapport complet sur les business model de l’Open Source qui montre qu’il est possible pour un éditeur de logiciel de baser sa stratégie sur l’Open Source. Fabernovel identifie quatre business model :
et fournit de nombreux exemples concrets : Spike Source, red Hat, Roxen, SugarCRM et Open Trust.
Fabernovel identifie 4 facteurs clefs de succès : le développement d’une communauté de développeur, l’existence d’un marché établi, une infrastructure commerciale stable et la diminution des réticences des managers à l’Open Source.
A noter que dans ce modèle, c’est bien la communauté de développeur qui représente l’essentiel des ressources pour une entreprise qui base sa stratégie de développement sur l’Open Source. Toute la question alors est de savoir quelles sont les liens qu’une entreprise peut développer avec une telle communauté. Doit-elle favoriser le développement d’une communauté basée sur ses logiciels ? Doit-elle se baser sur une communauté existante ? Quelles relations peut-elle entretenir avec une communauté Open Source ?
Pour Fabernovel, les développeurs d’une communauté Open Source joue à la fois le rôle de Lead Users et d’Early Adopter avec des implications à différents niveaux. Pour 1 000 utilisateurs d’un logiciel Open Source, on dénombre 10 utilisateurs qui signalent les bugs et 1 développeur actif. Il y aurait trois types d’actions pour favoriser les liens avec une communauté de développeur.
Au delà des différents business model qu’il est possible de mettre en oeuvre dans une stratégie Open Source, la question du management d’une communauté d’utilisateur, intégrant des utilisateurs plus ou moins créatifs et contributeurs, reste centrale et les réponses que nous apportent les différentes études sont encore très parcellaires.
Accès au rapport Business Model et Open Source de Fabernovel
Articles sur la thématique des business models
Bonjour,
Merci beaucoup pour votre post sur l’étude que nous avons réalisé. La question que vous soulevez est en effet centrale. Si je puis me permettre, la question du management d’une communauté est à mon avis un problème qui, pris trop globalement, conduirait nécessairement à des solutions peu efficaces. En effet comme nous l’avons souligné dans l’étude, la part des utilisateurs véritablement actifs (notamment ceux qui développent des patchs, nouvelles applications, etc…) est en réalité extrêmement faible.
C’est sans doute une des raisons à l’aspect « parcellaire » des réponses (Pas la seule bien évidemment). L’image d’une communauté importante codant une large partie des solutions open source commercialisée est en fait assez éloignée de la réalité. Une fois cette réalité prise en compte, les solutions des entreprises pour animer leur communauté ne peuvent qu’être parcellaires, car il s’agit à mon sens d’animer plusieurs sous communauté. Quels sont ces solutions ? Pour quel type de sous communauté ? Quel est le « mix » optimal ? Voilà de nombreuses questions qui restent en suspens et ouvre à la recherche en management de belles perspectives 🙂
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