Lead user et réseau social

Ce papier a reçu le prix Tudor Richards du meilleur papier. Il me parait intéressant car sa méthodologie est relativement simple et rigoureuse tout en reliant clairement créativité, caractéristique de lead user et position dans un réseau social.

Fiche de lecture

A Social Network Perspective of Lead User and Creativity : An Empirical Study among Children

Jan Kratzer and Christopher Lettl – Creativity and Innovation Management, Volume 17, Number 1, 2008

L’objectif de ce papier est d’étendre et d’intégrer la théorie de la créativité et de la théorie Lead User en mobilisant la notion de réseau social avec des enfants.  Cette étude se base sur une enquête de terrain auprès d’enfants en milieu scolaire (366 enfants répartis dans 16 groupes). La position individuelle  dans un réseau social influençant la créativité, il existe une forte probabilité pour qu’elle influence aussi le fait d’être lead user.
Les auteurs mettent en place un dispositif de recherche qui leurs permettent de mesurer  le degré de centralité dans un groupe (Degree Centrality) et le degré de centralité entre groupe (Betweennness Centrality) dans un réseau social, la position de Lead User (Lead Userness) et la créativité. Sa position en tant que lead user est mesurée par questionnaire, la créativité par le jugement d’expert suite aux résultats d’une séance de créativité et les mesures sur le réseau social par une observation de ces séances de créativité. L’étude statistique utilise aussi deux variables de contrôle, le genre et l’âge.

Les auteurs émettent 3 hypothèses :
1 – Plus la centralité entre groupe d’un enfant est élevée dans son réseau social, plus il est susceptible d’être identifié comme Lead User
2 – Plus haut la centralité entre groupe d’un enfant est élevée dans son réseau social, plus il aura une créativité élevée
3 – Il existe une relation entre la créativité d’un enfant et son identification comme Lead User
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Le budget d’Oseo baisse t’il ?

Je suis tombé ce matin sur une note intéressante sur le blog de Olivier Ezratty, Alerte, Oséo Asphyxie les startups.

Le ton est un peu polémique, mais la note est bien argumenté et surtout ce sont les commentaires qui sont les plus intéressants. On voit dans ces commentaires l’importance que peut prendre dans notre pays Oseo pour le financement des start-up.

Le débat sur le budget est évidemment intéressant mais ce n’est peut-être pas le plus important. Lors du bilan 2009, Oseo affirme avoir financé 5000 entreprises innovantes pour 800 millions d’€ d’aides directes. Sur leur plaquette Oséo, il promette de financer 5 000 projets d’innovation :
•  500 millions d’euros en subventions et avances remboursables pour la R&D et l’innovation
•  700 millions d’euros de prêts bancaires pour l’innovation, garantis par OSEO
•  120 millions d’euros de Contrats de Développement Innova
On en est à 820 millions d’euros, soit un peu plus que 2008.

Le seul problème est que ce budget se base en partie sur le remboursement des avances. Et c’est peut-être bien là que se situe le problème, vue le contexte actuel, on peut facilement prévoir que le nombre de défaillances au niveau des remboursements sera plus important qu’en 2007 ou 2008.

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Du focus group en ligne au forum de conception

Après la mise en place  du Focus Group  « Imaginons ensemble la station de ski de demain », l’heure est au bilan. Je viens de finir l’analyse des verbatim et la rédaction du rapport à destination de la station de ski. Cette opération était aussi pour moi une recherche participante, une mise en situation réelle pour récolter des données pour mes recherches sur le management de l’innovation, tout en prenant du recul pour pouvoir analyser cette méthode.

Premier constat, ça marche, on peut effectivement associer à la réflexion, en ligne, des utilisateurs sur des produits autres que purement technologique. Dans ce cas, il s’agissait de tester des innovations de services concernant les loisirs en station de ski. J’avais suivi l’utilisation de d’une méthode très proche dans le domaine des télécoms, avec la participation d’étudiants ou de personnes attirées par la technologie. Ici, il s’agissait de s’adresser à des pratiquant les sports de glisse et fréquentant les stations de ski. A l’issu du Focus Group, j’ai recueilli assez de contenu pour analyser l’acceptabilité des innovations, assez d’idées pour les repositionner afin de les transformer en concept viables et susceptibles d’intéresser les skieurs.

Deuxième constat, le recrutement est la phase la plus difficile de cette méthode. Se pose souvent la question classique de trouver des volontaires assez représentatifs de la population auxquelles sont destinés les innovations. A ce stade, une précision s’impose, la représentativité n’est pas importante pour cette méthode, ce qu’on recherche avant tout ce sont des personnes ayant envies de donner leur avis et assez créatives pour générer des idées autour des concepts d’innovations présentés.

Extrait des questions sur le forum

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Imaginons ensemble la station de ski de demain

Cela fait deux ans que je travaille sur les méthodes de co-conception dans les environnements virtuels (site, forum et monde virtuel). Mon objectif est d’analyser et d’évaluer les apports effectifs de la co-conception dans ces environnements et leurs implication sur le processus de management de l’entreprise. Je me place dans la perspective d’une conception avec l’utilisateur, plutôt avec des communautés d’utilisateurs qu’avec des utilisateurs isolés.

Néanmoins, il existe une méthode intéressante qui consiste à faire un Focus Group en ligne de manière asynchrone sur une courte période. On réunit pendant deux semaines un groupe de 10 à 20 personnes pour évaluer un concept d’innovation ou obtenir des informations sur leurs pratiques dans un domaine précis. On construit ainsi un collectif éphémère qui va interagir sur une thématique donnée, à mi-chemin entre une communauté et des utilisateurs isolés. Il s’agit à la fois de déterminer l’acceptabilité d’une innovation par rapport à leurs pratiques habituelles et de générer de nouvelles idées à partir des concepts présentés. Le bulletin board se présente sous la forme d’un forum dans lequel l’animateur pose 1 à 3 questions par jour. On demande dans un premier temps de répondre à la question de l’animateur avant de réagir sur les réponses des autres.

Mes premières recherches étaient centrées sur la conception de logiciels (jeu vidéo, internet et service de communication) mais j’étends aujourd’hui la méthode aux services ou aux produits intégrant plus de “hard”.

A ce titre, je lance du 19 au 30 janvier un Bulletin Board sur le thème “Imaginons la station de ski de demain”. Il s’agit de recueillir  des avis sur des idées d’aménagement de station de ski et de nouvelles offres de services aux skieurs.

ebook ou une occasion ratée

Ce matin sur France Inter, chose rare, le commentateur a parlé d’un livre qu’il aime pas. Il ne s’agit pas d’un simple ouvrage mais d’un livre électronique, le ebook de Sony en partenariat avec la Fnac. Le jugement est sévère : utilisation contre intuitive (il faut apprendre à s’en servir), catalogue pauvre (seulement 3000 titres avec peu d’éditeurs), incompatibilité avec certains ordinateurs, prix trop élevé des ouvrages. Les jugements sur le site du revendeur, même s’ils sont positifs, font ressortir les mêmes travers d’ergonomie, de prix et de faiblesse du catalogue.

Voilà une innovation prometteuse, annoncée depuis quelques années par les gros lecteurs, mais qui au final semble décevoir fortement. Que s’est-il passé ?

Sony n’est pas particulièrement connue pour être le champion des interfaces intuitives, par contre, elle a une grande expérience du jeu vidéo, secteur où le contenu est aussi important que la technologie. Cependant un gros lecteur n’a rien de commun avec un hard core gamer. Il consomme beaucoup de contenu, il n’est pas forcément passionné de technologie et, étant un gros consommateur de livre, il est sensible au prix du contenu.

Les concepteurs ont-ils associés les gros lecteurs à la conception de l’ebook ? Ce type de lecteur, early adopter potentiel, spécialiste de leur usage, aurait pu aider le fabricant à éviter ces travers, a détecter sa sensibilité au prix et à la complexité d’usage. L’intégration de l’utilisateur tout au long de la conception, ou tout simplement la prise en compte de ses usages ne semble pas être une pratique courante chez Sony. Dans un tel contexte, l’erreur de la Playstation 3 face à la Wii risque de se reproduire de nombreuse fois.

Heureusement pour Sony, l’ebook arrivera bien à attirer des passionnés de technologie, peu regardant sur l’usage et le prix.

Perception de l’innovation

Ipsos a enquêté pour Marketing Magazine sur la perception par les consommateurs de l’innovation. Une question qui prend toute son importance dans un contexte de contraction du pouvoir d’achat (enquête en ligne sur 500 internautes).

Le bilan est mitigé, si 55 % des personnes aiment tester les nouveautés, 59 % considèrent que les marques lancent trop souvent de nouveaux produits et surtout seulement 41 % considèrent qu’elles rendent la vie plus facile.

De plus, seulement 14 % sont prêt à payer plus cher pour un nouveau produit.

Cette enquête montre que les apports des innovations ne sont pas toujours perçues par le consommateur. Dans ce cas, il n’est pas prêt à payer plus pour une valeur ajouté qui lui semble inexistante. D’ou l’intérêt de travailler sur la valeur d’usage avec le consommateur tout au long du processus de conception.

Pour en savoir plus : voir Marketing Magazine N°125, octobre 2008.

L’innovation en temps de crise

Depuis quelques mois, on entend tous parler à longueur de journée de la CRISE… crise écologique, crise des sub-primes, crises de l’automobile, crise économique… Crise morale ? Sur Google, la recherche sur le mot crise atteint un record de 46 500 000 liens vers des pages web.
Même si il y a une sur anticipation à la fois des consommateurs comme des entreprises, la crise est bien là. Est ce vraiment une catastrophe pour l’innovation ?

Composante de la crise de 1929

La réponse n’est pas évidente, on serait tentée de considérer qu’à priori, les premiers budgets qui vont souffrir sont ceux de l’innovation et de la communication. Cette récession me fait penser dans ses mécanismes  à ce qui s’est passé en 1929. On a eu en 1929, un arrêt brutal du système bancaire et une forte chute de la bourse, un arrêt net des transactions immobilières, des milliers de saisies immobilières par jour, une chute brutale des achats de voiture. Ça ne vous rappelle rien ?
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L’effondrement du sens dans les organisations

Weick K. A. est un de ces auteurs “incontournable” qui est cité dans de nombreux articles en science de gestion, et dont les approches et théories sont largement reprises. Sa pensée intéresse à la fois les chercheurs et les praticiens mais malheureusement elle est complexe et s’appuie sur des notions empruntées à la psychosociologie et la philosophie. Néanmoins, Weick se base souvent sur des données secondaires, issues d’analyses de catastrophe ou dysfonctionnement. Il nous raconte donc des histoires tout expliquant les phénomènes, ce qui permet de faciliter l’appropriation de sa pensée.

The Collapse of Sensemaking in Organisation, the mann Gulch disaster son texte le plus cité (plus de 190 citations dans les revues académiques, source Ebsco), a été traduit en Français “L’éffondrement du sens dans les organisations, l’accident du Mann Gulch” dans le livre le Sens de l’action, Karl E. Weick : Sociopsychologie de l’organisation.

Dans cet article Weick analyse l’incident de Mann Gulch, en se basant sur le livre de Norman MacLean, Young Men and Fire (La part du feu, édition Rivages, Parid 1994), pour comprendre quels sont les causes qui amène une organisation à se défaire ? et Comment augmenter la résilience d’une organisation ?

Un texte passionnant, assez claire, bien traduit, qui permet par la suite de faciliter la lecture des autres articles de Weick en anglais. Stephanie Tillement, dans le cadre du séminaire de recherche MCOI, a réalisé une fiche de lecture sur ce texte.

Fiche de lecture : L’effondrement du sens dans les organisations, l’accident du Mann Gulch

Bibliographie :

The Collapse of Sensemaking in Organisation, the mann Gulch disaster. Weick, Karl E.. Administrative Science Quarterly, Dec93, Vol. 38 Issue 4, p628-652, 25p.

Le sens de l’action, Karl E. Weick : Sociopsychologie de l’organisation, ouvrage collectif dirigé par Bénedicte Vidaillet, Collectif Vuibert, Vuibert, 2003  

Comment tuer l’innovation avec l’analyse financière ?

Fiche de lecture

Innovation killers : how financial tools destroy your capacity to do new things

Christensen, Kaufman et Shi, Harvard Business review, 2008

Christensen Kaufman Shih

Pourquoi des entreprises bien gérées avec des dirigeants intelligents n’arrivent-elles pas à innover ?
Les auteurs identifient 3 outils d’analyse financière comme étant les responsables de cette difficulté
–    L’utilisation du cash flow escompté et de la valeur actuelle nette
–    La manière de fixer les coûts désavantage les entreprises en place face à leurs concurrents
–    L’accent sur le bénéfice par action comme référence de la création de valeur pour l’actionnaire détourne des investissements à long terme

Ces outils qu’on mobilise pour évaluer les investissements détournent de l’innovation. les auteurs proposent une nouvelle méthode pour mieux évaluer la valeur future d’un investissement afin de ne pas tuer l’innovation avec des outils inappropriés.

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Fichier Edwige : innovation incrémentale, innovation radicale, ou innovation de rupture ?

Sans aucune discussion parlementaire, au cœur de l’été, a été publié au Journal Officiel la création par décret du fichier Edwige. De quoi s’agit-il ? Ce nouveau fichier recensera les personnes “ayant sollicité, exercé ou exerçant un mandat politique, syndical ou économique ou qui jouent un rôle institutionnel, économique, social ou religieux significatif” mais aussi celles qui “en raison de leur activité individuelle ou collective sont susceptibles de porter atteinte à l’ordre public”. Y fulgureront donc adhérents, sympathisants, hommes politique, entrepreneurs, syndicalistes, délinquant potentiels, suspects… Ce serait la synthèse entre les fichiers tenus par les RG et la DST.Finalement, on peut s’étonner d’un tel raffut autour de ce fichier, rien de nouveau, puisque ces fichiers existent déjà. D’après le rapport de Alain Baueur (Alain Bauer 2007), il existe déjà 36 fichiers dont le celui le STIC (Systèmes de traitement des infractions constatées), le FNAEC (Fichier National Automatisée des Empreinte Génétiques) et le fichier des personnes nées à l’étranger, qui semblent poser le plus de problème.

Seulement voilà, aujourd’hui la multiplication des technologies de capture de l’information, de traçage et de traitement, ainsi que la numérisation de l’information changent complètement la donne.

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