Le management public peut-il utiliser la méthode d’innovation Lead User ?
Les chercheurs ont identifié depuis plus de vingt ans un profil d’utilisateur susceptible d’innover, le Lead User. Ces innovateurs ont l’expérience de besoins qui n’ont pas encore été ressentis par les autres. Ils ont ensuite un fort intérêt à innover pour eux-mêmes, imaginant et concevant des solutions très attractives qui résolvent un futur problème du marché de masse. On connait tous un lead user dans notre entourage, une personnes qui bricole et modifie les produits pour les adapter à ses besoins. Ils sont en fait plus nombreux qu’on pourrait le penser.
Dans un processus d’innovation ouvert, ces utilisateurs peuvent apporter à l’entreprise une connaissance sur les usages qu’il est difficile de développer en interne. Il existe des méthodes pour les identifier et les associer au processus d’innovation de l’entreprise. Mes travaux ont cependant montré qu’il était plus efficace de les pousser à se structurer en communauté d’utilisateur en leur fournissant des outils de création, plutôt que de les faire venir de manière isolée dans l’entreprise pour les faire travailler avec les ingénieurs.
Qu’en est-il de ces méthodes dans le domaine du management public ? Peut-on associer l’utilisateur à la conception de l’espace urbain ? A priori on aurait tendance à répondre oui, on est très proche dans ce cas du principe de la démocratie participative. Mais ce n’est pas si simple que cela, ce que l’entreprise peut accepter au niveau stratégique n’est pas forcément applicable au niveau politique.
J’ai été interviewé longuement à ce sujet par Nova7 en avril dernier. Vous trouvez le texte complet de cet interview sur le site de millénaire3 du Grand Lyon : Guy Parmentier : lorsque vous avez une idée, il va bien falloir convaincre vos collaborateurs, d’où la nécessité de la confronter aux utilisateurs au travers d’une étude d’usage
Le cloud computing, un danger pour la démocratie ?
L’annonce du nouveau service iCloud par Apple met en lumière le fait que les éditeurs de logiciels et de service internet nous annoncent depuis quelques années l’avènement du Cloud Computing. Si elle est effective au niveau des services internet, elle arrive peu à peu au niveau de l’édition de logiciels et de système d’exploitation. Facebook, LinkedIn et les autres réseaux sociaux conservent vos données dans des grappes de serveurs. Ce n’est pas le cas pour le moment pour les données produites avec les logiciels de bureautique ou les logiciels de traitements photographique.
Le Cloud Computing pourrait avoir un fort impact sur l’organisation de la société
Il existe néanmoins un service comme Google docs qui permet de travailler sur des documents à distance. Les évangélisateurs du Cloud Computing annoncent de nouvelles fonctions intéressantes pour l’utilisateur et des coûts moins élevés pour d’utilisation des logiciels. Néanmoins les innovations technologique ne sont pas neutre vis à vis de l’organisation de la société et même de son système politique. Prenons l’exemple du nucléaire. Il est peut probable qu’une telle technologie puissent se maintenir dans une démocratie parlementaire. La mobilisation importante de fond public nécessaire à la mise au point de cette technologie et la gestion de la sécurité nécessite un état fortement centralisé et une connivence importante entre de grande entreprise et l’état. Qu’en est-il du cloud Computing ?
Le Cloud Computing est-il un danger pour la démocratie ?
Le Cloud Computing posera peut-être à terme un problème pour la démocratie. L’internet d’aujourd’hui est porteur des valeurs de liberté, de décentralisation et d’émancipation. La création et la gestion des contenus se répartissent entre de multiples acteurs : éditeurs, bloggeurs et particuliers. La liberté d’accès est favorisée par la culture du hacking. Une structure fortement décentralisée de l’internet avec les serveurs répartis sur toute la planète rend difficile son contrôle par un nombre restreint d ‘acteurs.
L’omniprésence de Google au niveau du référencement avec ses centaines de milliers de serveurs préfigure ce que peut provoquer l’arrivée massive du Cloud Computing. Quand toutes les données seront dans les nuages, entre les mains de fournisseurs de services qui pourront se racheter les uns des autres, la concentration entre les mains de quelques acteurs de l’ensemble de nos données sera alors possible. Leur pouvoir sur le citoyen pourrait alors être très important. Devons nous prendre un tel risque ?
L’impact de la centralisation des données dans le Cloud Computing
Une telle conception d’une gestion centralisée de nos données risque d’influencer le type de société dans laquelle nous vivrons, sans contre pouvoir, avec le risque d’une connivence très forte entre ces immenses réservoirs de données et les états. Plus un utilisateur dépend d’une seule entreprise pour accéder à des services, plus l’entreprise à une marge de manœuvre importante pour fixer les prix et les conditions d’utilisation. Plus les entreprises centralisent de données sur le citoyen, plus la tentation d’un contrôle partiel ou total de l’état est fort.
Le Cloud Computing n’est donc pas neutre. Toute innovation intègre une conception de la société dans laquelle elle émerge et peut par la suite agir sur la façon dont une société se conçoit, évolue, voire même entre dans une crise de transformation.
Le Cloud Computing, une technologie non durable ?
De plus le Cloud Computing est une technologie non durable. Elle multiplie la quantité de données qui transitent dans les réseaux, accroit exponentiellement le nombre de serveurs nécessaire pour faire transiter et héberger les informations des utilisateurs. Avant de nous réjouir de ses atouts, prenons donc garde aux effet induits du Cloud Computing et posons nous la question : comment évoluera une société dans laquelle toutes les données sont hors de contrôle du citoyen ?
Néanmoins des services comme icloud ne proposent pas de de transférer l’ensemble des données dans les nuages. Il s’agit plus pour le moment de favoriser la sauvegarde, la synchronisation et le partage de données. Une telle approche modérée sur Cloud Computing est susceptible de proposer une valeur ajoutée sans pour autant déstabiliser les libertés sur internet. Espérons que les autres acteurs des services sur internet prennent aussi cette voie et ne s’engagent pas vers un Cloud Computing total.
Innover pour sortir de la crise de transformation
La crise financière de 2008 nous a brutalement rappelé que nos économies étaient fragiles. D’autres crises ont suivi : crise économique, crise monétaire… Nous n’en sommes d’ailleurs pas encore sorti à ce jour. Je souhaite évoquer dans cet article, un autre type de crise, plus fondamentale, la crise de transformation. J’ai rencontré cette idée pour la première fois dans un roman de Norman Spinrad publié en 2009, « il est parmi nous ». Il me semble que la crise nucléaire japonaise vient malheureusement brutalement illustrer cette idée que je vais vous exposer.
La crise de transformation, qu’est ce que c’est ?
Dans les romans de Science Fiction, il est des « vérités » qui circulent. Par exemple, il est considéré que l’humanité est une espèce destinée à voyager dans l’espace. De nombreux romans explorent cette perspective avec plus ou moins de bonheur littéraire. Nous savons depuis peu qu’il existe de nombreuses planètes autour des étoiles. Même si les instruments actuels ne permettent pas repérer les petites planètes habitables de type terrestre, les récentes découvertes appuient fortement la thèse de l’existence de vie extraterrestre dans notre galaxie, voire même d’une vie intelligente. Mais alors, pourquoi personne ne nous a contacté jusqu’à maintenant ? Ce n’est pas faute d’avoir écouté le ciel avec le programme SETI depuis 1960. D’après Norman Sprinrad, c’est simplement que les autres espèces n’ont pas été capables de dépasser le stade technologique. Elles se sont effondrées après avoir usées abondamment leurs réserves d’énergie fossile sans avoir réussi à développer des alternatives. Ou alors elles ont empoisonné leur atmosphère avec la fission nucléaire ou le réchauffement climatique. L’humanité aurait alors peu de chance de passer ce cap, d’arriver à terme de sa transformation pour maitriser la technologie nécessaire au voyage spatial sur de longue distance.
Vivons nous une crise de transformation ?
Cette perspective n’est pas réjouissante. Sommes nous irrémédiablement condamné à régresser sur le plan technologique ? En tout cas, la crise japonaise en ce début d’année 2011 nous montre la fragilité de notre civilisation.
Le machtapur, le premier mot open source ?
La progression du machtapur continue
#machtapur. Vous l’avez surement deviné en lisant sur innover avec le machtapur, le machtapur n’existe pas ou du moins n’existait pas. C’est Antoine Sire de l’atelier numérique qui a lancé le mouvement en parlant dans sa rubrique de ce mot bizarre. C’était le 6 février, il n’y avait alors que 4 occurrences sur Google, et il s’étonnait du peu de référencement de ce mot sur le moteur de recherche. Dans les jours qui ont suivi, la signification du mot était en discussion sur twitter, on est passé de à 9 occurrences le 8 février, puis 128 le 10 février, et 428 le 13 février…A vous de vérifier combien y a-t-il d’occurrences aujourd’hui. On peut aussi suivre la progression sur cette page google documents.
Le fait d’en parler a créé son existence sur la toile. Cette histoire illustre bien comment les rumeurs et le bouche à oreille s’imprime sur la toile. Quand les mots restaient à l’oral, un phénomène viral pouvait facilement s’éteindre de lui même car la parole laisse peu de traces en dehors des personnes qui la reçoivent. Sur internet, le référencement fixe la rumeur, lui donne une existence. On va donc entendre parler encore longtemps du machtapur, de nombreuses discussions auront lieu sur sa signification, de nombreux jeux de mots se feront aussi…
Proposition d’une définition du machtapur
Vu ce qui s’est passé, je propose la définition suivante : “l’acte de créer un mot qui prend sa signification collectivement en laissant des traces sur internet”. C’est très proche du troll, mais il ne s’agit pas ici de polémique mais bien de la création de quelque chose de nouveau qui trouvera peut-être au fil des discussions un sens. A quand l’entrée du mot machtapur dans le dictionnaire, comme l’indique Antoine Sire, le premier mot en open source.
Pour en savoir plus et voir en direct la vie du machtapur : voir la page Facebook dédiée au Machtapur ou utiliser le #machtapur sur Twitter
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Peut-on innover avec le machtapur ?
#machtapur. Alors qu’il se développe une réflexion intense sur Twitter pour trouver la composition du machtapur, il est temps de révéler clairement le sens profond du machtapur. Ce n’est pas une recette de cuisine, un objet, mais bien un processus, le processus qui permet de faire sortir une forme à partir du néant.
L’innovation avec le machtapur ou le machtapur source de l’innovation ?
Du coup, ce processus est intéressant pour toute opération de management de l’innovation. En effet, créer quelque chose à partir du vide, est ce que recherche les sorciers moderne de l’innovation. Même si la majorité des innovations ne sont que la recomposition de l’existant, le créateur ambitionne toujours de fabriquer quelque chose de radicalement nouveau, une forme pure qui match avec la réalité présente, d’où le terme de Machtapur. Le machtapur n’est cependant pas une nouveauté, ce processus est utilisé depuis des siècles, voire des millénaires par les créateurs de toute nature.
Comment Free innove dans les télécoms ?
La sortie de la Freebox Revolution a récemment bousculé le marché des Fournisseurs d’accès Internet. Iliad, la société qui commercialise l’offre Free, fait de nouveau parlé d’elle. Il y a même une comparaison amusante sur le fait que Free copie Apple. Xavier Niel, le PDG de Iliad, est même appelé le Steve Job Français. Au delà de l’anecdote, comme je l’avais déjà fait sur ce blog à propos de l’innovation chez Apple, il est intéressant de s’interroger sur le modèle d’innovation de Free. Il faut se rappeler que même si la box internet était en développement dans les laboratoires de France Télécom au moment où la Freebox a été lancée, c’est bien Free l’inventeur de cette boite à tout faire. Free est aussi l’histoire d’un entrepreneur qui a su trouver les bonnes recettes pour s’imposer sur un marché qui semblait il y a dix ans complètement verrouillé par l’opérateur historique, France Télécom. L’offre de Free a aussi permis d’accéder en France à des prix assez bas à des services internet de qualité. Il y a encore quelques années, aux Etats-Unis, un abonnement haut débit de base, sans services ajoutés, coutait au minimum 70 €. La Freebox Révolution a même été présentée au CES 2011 sur le stand d’Intel, histoire de promouvoir le nouveau processeur ATOM, dédié au applications de télévisions connectées.
Qu’est ce qui caractérise l’innovation chez Free ? Quelles sont les recettes de son succès, pas aussi important qu’Apple certes, mais tout de même assez remarquable.
Le portefolio de business model
La problématique du choix du business model est fondamentale pour la réussite d’une innovation. Nous en avons déjà parlé dans de précédents articles sur la thématique du business model
Néanmoins cette notion n’est pas facile a appréhender. De plus, les entreprises innovantes gèrent en général plus d’un business model. Tout l’enjeu est alors de gérer ce portefolio pour déployer le bon business model aux bonnes cibles.
Cette vidéo, réalisée par Valérie Sabatier, Enseignante-Chercheuse à Grenoble Ecole de Management vous explique clairement le concept de portefolio de Business Model.
L’innovation éditoriale : fanfan2 de Alexandre jardin
Alexandre Jardin va expérimenter une forme tout à fait innovante de roman qui mélange livre papier, roman à épisodes et médias sociaux. Il va sortir le 27 octobre la suite de Fanfan : Fanfan 2, quinze ans après.
Juste la, rien de plus classique. Mais à la fin du roman, le héros pense qu’il a pété les plombs et qu’il est impossible de maintenir à un niveau aussi élevé l’amour et l’intérêt de sa femme… Il va sur internet pour trouver des solutions et décide de créer le site fanfan2 pour obtenir de l’aide des internautes.
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Comment devenir un bon entrepreneur en jouant à se faire peur avec un Business Game
Si vous avez suivi une formation en gestion dans une école de commerce ou en gestion, vous avez peut-être joué à un jeu de simulation d’entreprise, appelé aussi business game. Ces jeux ne forment pas seulement au management mais permettent aussi de vivre une expérience entrepreneuriale, et d’améliorer ainsi son potentiel à être un bon entrepreneur
Qu’est ce un business game ?
En général le business game intègre un modèle d’entreprise et de marché qui permet de calculer les performances de chaque entreprise en fonction des décisions prises par l’ensemble des entreprises présentes sur le marché. Une session de formation avec un business game s’effectue de manière intensive sur 2 à 3 jours ou de manière extensive sur plusieurs semaines par session de 2 à 3 h. Chaque entreprise est gérée collectivement par des équipes de 3 à 6 personnes. Dans les équipes, les étudiants se répartissent les responsabilité : directeur marketing, directeur de production, directeur financier, directeur des ressources humaines…
Les business games répondent à des objectifs pédagogiques divers. Ils s’utilisent en début de formation pour faire découvrir la gestion d’entreprise et montrer aux étudiants l’intérêt d’acquérir à la fois des compétences financières, marketing et social. Ils s’utilisent aussi en cours ou en fin de formation pour permettre aux étudiants de mettre en relation les différents aspects du management abordés durant leur formation.
Le jeu n’est pas complètement centré sur la simulation, les professeurs mettent en place des activités complémentaires pour renforcer les apprentissages et/ou vérifier les acquis : calcul du coût moyen de production, élaboration d’une stratégie, tableau de bord financier, analyse critique des résultats de la stratégie.
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l’open innovation par la ville de Rennes
Le principe de l’open innovation
Vous connaissez peut-être le concept d’open innovation. Le principe est simple, il s’agit d’innover en ouvrant le processus d’innovation à des partenaires : laboratoires publics ou privé, entreprises, utilisateurs… ou de licencier ses développements pour faire bénéficier d’autres entreprises
Les avantages sont multiples, baisses des coûts de l’innovation, intégration de connaissances multiples, fertilisation croisée, meilleure utilisation de tous les brevets et technologies qui sont quelquefois sous utilisés par les entreprises. Ce type d’innovation posent néanmoins des problèmes au niveau de la gouvernance des partenariats, du partage de la création de valeur et de la préservation de la propriété industrielle.
En général, les consultants et chercheurs se basent et citent des cas d’open innovation d’entreprise : Procter&Gamble, Xerox… mais ce type d’innovation est valable pour tous types d’organisation et même pour les particuliers comme le montre le mouvement open source. Ce blog en bénéficie d’ailleurs fortement puisqu’il utilise l’excellente plateforme WordPress qui est un superbe exemple d’innovation ouverte.
L’open innovation en action à Rennes
Et le villes aussi s’y mettent maintenant. La ville de Rennes a récemment mis en œuvre l’open innovation en reprenant le principe de l’open data. Elle met à disposition ses données et laisse les innovateurs développer des applications susceptibles d’apporter des service utiles au citoyen. Il s’agit de toutes les données concernant les transports publics (réseaux de bus, de tramway et vélos en libre service) de la STAR Rennes Métropole : horaires, accessibilité, géolocalisation des stations, disponibilités.
La plate forme de données est développés par In-cite sous forme de site web et d’API. In-cite propose même à terme de mettre son moteur de génération de données en Open Source.
En fait la ville de Rennes fait son métier, organiser le transport public et laisse ceux qui ont des idées et des capacités de développement créer des services autour de ces données. Et ca marche !
On trouve déjà des applications, dont une application sur iphone qui permet de trouver les stations de vélos en libre service, vérifier la disponibilité et optimiser les parcours. Ils ‘agit de l’application iphone Vélo Rennes réalisée par un Julien Quéré, un développeur indépendant.
Ce n’est que le début, ce qui caractérise cette démarche, c’est qu’au lieu de faire un appel d’offre et de vouloir absolument contrôler le développement, la ville ouvre ses données sur les transports en creative commons et laisse l’intelligence collective s’emparer de cette richesse pour trouver des services adaptés aux besoins des utilisateurs.
Allez le villes ! Ne vous laissez pas doubler par Rennes… A Grenoble, j’en rêve depuis des années de ce type de service ouvert. J’habite à côté d’une portion d’autoroute qui va au centre ville et une fois sur deux c’est l’embouteillage. A chaque fois, quand je suis obliger de prendre ma voiture, la question est, prendre la route ou l’autoroute ? Il y a bien des caméras au dessus de l’autoroute, mais bien sûr impossible d’accéder à ces images avant de partir pour prendre la bonne décision.