Depuis quelques mois, on entend tous parler à longueur de journée de la CRISE… crise écologique, crise des sub-primes, crises de l’automobile, crise économique… Crise morale ? Sur Google, la recherche sur le mot crise atteint un record de 46 500 000 liens vers des pages web.
Même si il y a une sur anticipation à la fois des consommateurs comme des entreprises, la crise est bien là. Est ce vraiment une catastrophe pour l’innovation ?
Composante de la crise de 1929
La réponse n’est pas évidente, on serait tentée de considérer qu’à priori, les premiers budgets qui vont souffrir sont ceux de l’innovation et de la communication. Cette récession me fait penser dans ses mécanismes à ce qui s’est passé en 1929. On a eu en 1929, un arrêt brutal du système bancaire et une forte chute de la bourse, un arrêt net des transactions immobilières, des milliers de saisies immobilières par jour, une chute brutale des achats de voiture. Ça ne vous rappelle rien ?
L’économie était aussi très mondialisée, le premier effet de la crise a été un formidable recul du commerce international (baisse de 1/3 des échanges entre 1929 et 1939). La crise toucha fortement l’industrie automobile aux Etats-Unis. Entre 1929 et 1931, la production automobile baissa de moitié. Avec des conséquences sociales douloureuses, près de 29 % des actifs américains étaient au chômage en 1932. Cependant l’ampleur de la crise d’aujourd’hui n’a rien de comparable à ce qui s’est passé en 1929.
La crise de 1929 a favorisé l’innovation
Sur le plan des innovations, cette époque fut très riche : développement des matières plastiques, invention de la radio de masse et du cinéma populaire, de la télévision (1926), progrès spectaculaire dans l’aviation, invention de la pénicilline (1929), du nylon (1930), du radar (1934) et la liste est très longue.
Bien sûr, on peut penser que ce n’était que la suite des trajectoires technologiques déjà lancées depuis de nombreuses années ou tout simplement le résultat de la rationalisation des techniques de production et de recherche qui ont été mises au point pendant la première guerre mondiale. Pour autant, l’histoire nous apprend que la crise de 1929 n’a pas forcément été un frein à l’innovation et a pu même créer des opportunités industrielles.
Et l’innovation dans la crise de 2008 ?
Qu’en est-il en 2008 ? Même si certains fondamentaux sont les mêmes, cette crise sera forcément différente. C’est peut-être le bon moment de remettre en question nos produits (voiture sans pétrole, service de déplacement au lieu de voiture individuelle, généralisation de produits durables, mass customization) nos méthodes de production (en consommant de moins en moins d’énergie), nos systèmes d’informations (décentralisation et service à la carte), nos méthodes de management (développement de l’agilité et éclatement des grandes structures), nos cadres de pensée, etc… La crise entraîne la rupture, provoque un bouleversement des positions acquises. Elle ouvre donc une fenêtre d’opportunité pour le changement.
On trouve sur le net tout un tas de conseils pour résister à la crise, certains frisent la caricature de consultant. Je ne me lancerai donc pas dans ce genre d’exercice inutile qui consiste à élaborer une liste de conseil générique près à l’emploi. Il me semble tout de même que si on devait donner un seul conseil, c’est Mettez vous en mouvement, la crise provoque un mouvement général, encore plus rapide que la croissance, la seule façon de s’en sortir c’est de bouger encore plus vite, en pensant autrement, en agissant différemment, l’innovation dans un tel contexte est plus qu’avant à l’ordre du jour. Se concentrer uniquement sur le cash et oublier le reste, c’est prendre de gros risque en temps de crise.
Bonjour,
Come vous le dites si bien, nous sommes face à une crise différente de celle de 1929.
Premièrement, aujourd’hui, la baisse de la production intervient bien après le début de la crise, et est une conséquence de celle-ci plutôt qu’une cause.
Dans ce contexte, on peut imaginer que l’innovation, du moins les projets innovants, pâtissent de cette crise.
Et pourtant, j’ai bonne espoir que ça ne soit pas le cas, dans la mesure où le mot d’ordre aujourd’hui, pour faire face, industriellement parlant, à la crise, est : Centrez vous sur le produit.
Autant le budget communication pourrait être une victime de la crise, autant le produit, et l’innovation autour du produit, pourrait à l’inverse bénéficier de la crise, car redevenu le centre de préoccupation des industriels.
Et si on part du postulat que les industriels se recentre sur le produit, alors c’est un espoir pour la communication. En effet, il est clair que notre mode de consommation est de moins en moins soumis à la rationnalité, mais à l’émotivité. Or l’émotion autour d’un produit est uniquement dû à la communication autour du produit.
Ainsi, on peut espérer voir au coeur de la spirale de la crise un cercle vertueux naître, avec une concentration autour du Produit, de la Communication et du Client. Une sorte de tri entre les 4P et les 4C.
Les effets de la crise interviendront, à mon très humble avis, sur toutes les activités annexes, les produits dérivés, et les relais de croissances alternatifs ou non rentables imédiatement.
Aux Etats-Unis, la crise de 1929 s’est révélée être une grande période d’innovation industrielle avec le lancement de nombreuses ruptures technologiques : voitures en acier, moteurs V8, hélicoptère, avion à réaction, machines électroniques…
Voir
http://www.americanmachinist.com/Classes/Article/ArticleDraw.aspx?HBC=Issue&NIL=False&CID=8081&OASKEY=Issue